Vieillir - So What! ou Ôde à la ride

VIEILLIR - SO WHAT! ou ÔDE À LA RIDE 


“ Ne regrettez pas de vieillir, c’est un privilège refusé à beaucoup ” Anonyme. Oui, vieillir est un privilège, parce que n'oubliez pas que le verbe “vieillir” débute par le préfixe “vie”. Je suis en vie et j’ai 65 ans. Que les gens disent que j’ai l’air plus jeune, plus vieux ou simplement mon âge, j’en ai rien à cirer. D’ailleurs, je n'adhère pas au culte de la jeunesse qui entraîne une confusion des âges. Quel serait mon avantage d’avoir l’air de 50 ans quand j’en ai plus de 60? Non, je ne comprends pas.


Mon visage est composé de rides qui sont en quelque sorte le témoignage d’une vie bien remplie. Ces rides sont en partie le fruit de bons moments tandis que d'autres ont été occasionnées par des événements plus difficiles. Parce qu'après tout, c’est ça la vie. 


Ma petite enfance et ma prime jeunesse ont donné lieu à de grands moments de bonheur. C’est l’âge du développement, des découvertes, du changement et du devenir. Mais ce stage de la vie a potentiellement pu générer ma première ride, principalement causée par mon entrée à l’école. Fini l'insouciance et la créativité parce qu’à 6 ans on entre dans les rangs tant au sens propre qu’au sens figuré. L’école formate. Sa cloche sonne et elle nous conditionne. Bien sûr les temps ont changé et l’école a évolué depuis mon arrivée dans le système scolaire.  Mais a-t-elle réellement changé? C’est sans doute là le sujet d’une autre chronique.


Puis survient la période jeune adulte comme prélude à l’âge adulte. Un temps riche en expériences caractérisées d’abord par l'acquisition de nouveaux rôles et responsabilités puis consolidé par une certaine maturité qui nous aide à mieux comprendre les choses et à mieux savoir où on s’en va. Naturellement, quand on pense aux joies de l’âge adulte, on pense au plaisir de la table, aux voyages mais surtout aux rencontres qui en résultent, aux fous rires entre amis et bien entendu à la création d’une famille. Mais avec les joies vient son lot d’épreuves et de chagrins. Tout n’est pas que bonheur à l'âge adulte parce qu’apparaissent alors les rides de la désillusion. La désillusion par rapport à la vie de jeune adulte d'abord, suivie par la difficulté de concilier la vie professionnelle à la vie privée et, bien entendu, la perte des êtres chers.


Et puis sonne l’heure de la retraite avec le sentiment du devoir accompli. Certains avancent qu’avec l'âge vient une certaine urgence de vivre. Pas moi. Tout au contraire. Je n’ai pas l’impression de perdre mon temps quand je prends le temps de prendre mon temps. Évidemment, la santé est une prérogative à laquelle on ne peut échapper et pour la maintenir on se doit de garder la forme.  Le corps n’est plus ce qu’il était, mais une fois le choc du premier regard matinal dans le miroir passé, une belle journée s’annonce à l’horizon pour le sexagénaire que je suis.


J’ai du temps. Cela me donne le loisir de jeter un regard neuf sur la vie pour découvrir des bonheurs inédits, de nouvelles passions. Je sais ce que je veux et surtout ce que je ne veux plus. Je cherche la paix. Ma quête est le calme plutôt que les conflits. Je ne vis pas sous une roche, mais je sais choisir mes batailles. 


Alors voilà. J’ai vieilli et je vieillis sans regret pour la jeunesse. Je sais que je suis privilégié parce que chaque bougie qui s'ajoute à mon gâteau d'anniversaire confirme que je suis toujours là, à vivre. Ce que je désire pour les années à venir? C’est tout simple : d’autres rides.    



Commentaires

  1. Encore un très bel article de ta part. Très belle réflexion sur vieillir. Je partage aussi ton opinion. En vieillissant, je recherche la paix!

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  2. C’est un idéal que je te souhaite

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