Douce France
Douce France
Douce France. Cher pays de mon enfance. Bercée de tendre insouciance. Je t’ai gardée dans mon cœur. Ces paroles de la chanson de Charles Trenet me sont venues à l’esprit lors de mon tout premier voyage en France. Dans le train qui me menait de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle à Lorient en Bretagne, je regardais le paysage par la fenêtre avec ce refrain en tête et je me sentais comme au pays de mon enfance. Je me sentais chez moi. Pourtant, à l’aube de ma cinquantaine, j’en étais à mon premier voyage en France. J’avais comme une impression de déjà vu. Cette sensation je la dois peut-être au fait que je foulais pour la première fois le pays de mes ancêtres et que j’avais en moi une obligation morale de me souvenir.
Ce devoir d’histoire me mène inexorablement à mes fibres acadiennes. Mon aïeul a débarqué en Acadie au 17e siècle en provenance de la région Poitou-Charentes. Cela fait plus de 400 ans. Quantativement, quatre siècles peuvent paraître courts en comparaison avec d’autres sociétés, mais cela n'enlève rien à l’intensité des événements qui se sont produits en Acadie au cours de cette période. C’est curieux comme un endroit ou un espace peut provoquer une réaction émotive. Je fais référence ici à mon séjour à Grand-Pré. Tout comme en France, j’ai ressenti une forte sensation dès que j’ai foulé le sol de cet endroit. C’est à partir de Grand-Pré que mes ancêtres ont été forcés à l'exil pour un voyage inverse à celui des premiers arrivants en Nouvelle-France. Pour ces femmes, ces hommes et ces enfants, c’était la déportation vers la mère patrie ou vers d’autres endroits comme la Louisiane ou les Caraïbes, et cela dans des conditions abjectes.
Mais voilà. Nous sommes revenus. Pas sur nos terres parce que les Anglais nous les avaient volées. Peu de peuples ont fait preuve d’autant de résilience. Nous avons su recréer notre propre espace, et pas seulement géographiquement. Nous nous sommes affirmés sur les plans social, culturel, politique et économique. Nos droits linguistiques sont enchâssés dans la constitution, une célèbre acadienne s’est méritée le prix Goncourt, un Premier ministre acadien progressiste a mis sur pied le programme de “ Chances égales pour tous ” et le niveau de vie des Acadiennes et Acadiens s’est nettement amélioré. L’ensemble de ces acquis fait en sorte que l’Acadien que je suis est maintenant en mesure de faire route vers la France pour chantonner dans sa tête Douce France. Cher pays de mon enfance. Bercée de tendre insouciance. Je t’ai gardée dans mon cœur.
Allons enfants de la patrie,
RépondreSupprimerLe jour de gloire est arrivé!
Aux armes, citoyens!
Formez vos bataillons!
Marchons, oui marchons
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